2010
Meilleurs vœux… à vous de les choisir !
Historiette de Sou Tchien
du livre L’EVEIL SELON LE TCHAN
L’auteur (en fait l’adaptateur), Jérome Calmar,
est l’introducteur, en 1965, du Tchan - Xi Tchan - en Europe
et en particulier en France.
… La deuxième histoire met en scène un personnage complètement mythique : Kong Kong, le satan taoïste. Comme son confrère occidental, Kong Kong porte une paire de cornes, mais il n’a pas le pied fourchu. Surtout, à l’inverse de Satan, il n’est pas le malin et ne veut aucun mal aux hommes.
Au contraire, hélas, diraient les taoïstes. Il est, vis à vis de notre espèce, animé d’une redoutable bonne volonté et s’acharne à vouloir le bien de tout le monde. Ce qui est, du point de vue taïste, la pire chose qui puisse être…
Quoi qu’il en soit Kong Kong, un beau jour, rencontre Sou Tchien dans une rue d’une ville non précisée et l’invite bonnement à boire une tasse de vin jaune. Sou Tchien accepte et l’aubergiste les sert sans manifester une curiosité déplacée au sujet de l’étrange personnage que tout de même, devrait être Kong Kong… Après avoir cérémonieusement levé sa tasse et avalé la première gorgée, celui-ci s’informa :
« Pour toi les choses vont-elles bien, maître Sou ?
Elles vont toujours bien, je puis te l’assurer mais je te remercie de t’en inquiéter. Et toi même, tu vas bien ?
Très bien, mais, Sou, mon ami, je me suis juré de faire quelque chose pour toi. Que désires-tu ?
Tu es trop aimable, répondit Sou Tchien. Mais non, je t’assure : je ne désire rien de particulier.
Tout vivant désire quelque chose, sinon, il n’est plus un vivant. Voyons, désires-tu la richesse ?
Pourquoi faire ? Je n’ai qu’un estomac et qu’une peau ! Pour nourrir l’un et pour préserver l’autre des intempéries, j’ai tout ce qu’il me faut !
Alors, peut être la santé. Ne plus jamais être malade, n’est ce pas tentant ?
Certes, mais qui n’est jamais malade ne connaît qu’un état négatif. Si l’on n’est jamais malade, comment peut on apprécier la santé ? C’est la maladie qui, par contraste, permet cette appréciation. Non, je ne veux pas de ta santé.
Alors le pouvoir. Régner sur les hommes n’est il pas un sort enviable ?
Tu parles comme un enfant : tous, autant que nous sommes, avons déjà peine à régner sur nous mêmes. Alors pourquoi nous casserions nous la tête à régner sur autrui ?
La jeunesse. Retrouver ta jeunesse. Cela ne te tente-t-il pas ?
Mais je suis jeune. ET vieux aussi. Qui a été jeune – ou vieux – une fois l’est toujours. Tu devrais, oh Kong, suivre Notre enseignement, celui de l’Eveillé !
Bénit soit-il ! Et l’amour, cela ne t’intéresse pas, bien sûr ?
Ne soit pas si naïf ! Bien évidemment, ce que tu appelle « amour » n’a pas une once d’intérêt. Le véritable amour des êtres et des hommes, ne saurait être donné par qui que ce soit, pas même par toi. On doit l’acquérir soi-même.
Alors, pleurnicha Kong Kong, si je t’ai bien compris, tu refuses toutes mes offres ?
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